L’Allemagne a-t-elle une part de responsabilité dans la crise européenne ?

L.I.E.S.I.

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Ferdinand Fichtner est économiste à l'institut de recherche DIW à Berlin. Il vient d’écrire une analyse peu commune qu’il convient de mettre en évidence. D’une manière générale, quand on évoque l’économie allemande, on parle du modèle allemand. Il nuance ce jugement : l’Allemagne n’a pas à se glorifier de la quête de la productivité qui fut menée ces dix dernières années. Pourquoi ? "Cela a contribué aux maux de la zone euro". Le raisonnement de ce keynésien est singulier dans un pays où l'on ne cesse de blâmer le laisser-aller des Grecs et d'encenser le modèle allemand. Mais M. Fichtner a de solides arguments.

Selon lui, les réformes du gouvernement Schröder pour restaurer la compétitivité ont, in fine, déséquilibré l'économie. A force de compressions salariales consenties, le pays a, certes, développé ses exportations. Mais avec d'autres effets pervers. "Entre 2001 et 2006, l'inflation a été plus élevée que les hausses salariales. Résultat, le pouvoir d'achat des ménages a baissé et la part de la consommation s'est contractée dans le produit intérieur brut", souligne-t-il. Les exportations du pays ont ainsi bondi bien plus vite que les importations, rendant l'économie très - trop - dépendante de l'extérieur. Or, ce que l'Allemagne a vendu, d'autres l'ont acheté. Qui ? 60% des exportations d'outre-Rhin sont à destination de l'Union européenne, 40% de la zone euro. Les Portugais ou les Grecs ont donc importé des produits allemands... bien souvent en s'endettant.

 

Comme la Banque centrale européenne (BCE) est régie par des règles imposées par l’Allemagne, la politique monétaire de l’UE fut décidée en prenant essentiellement en compte la contraction des salaires allemands. Les banquiers centraux ont alors opté pour une politique monétaire adaptée à la première économie européenne, mais trop expansionniste pour Lisbonne, Madrid, Dublin ou Athènes. L'argent a inondé ces pays nourrissant des bulles (immobilier...), alimentées par un crédit facile. Tandis que la hausse des prix a entrainé celle des salaires, réduisant leur compétitivité. Bien sûr, cela ne veut pas dire que Grecs, Espagnols, Portugais ou Irlandais n'ont pas de responsabilité dans la crise, mais cela explique en partie les distorsions entre le sud et le nord de l'Europe, voire entre l'Allemagne et les autres. Aujourd’hui, les banquiers allemands veulent laisser tomber les pays dits faibles, oubliant que les banques allemandes notamment régionales, ne survivraient sans doute pas à une déconfiture de l'Europe du Sud. Tel est l’avis de Ferdinand Fichtner.

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