La visite de Wajdi Ghenim attise les dissensions entre Tunisiens

Les affrontements  qui ont opposé, ce vendredi 17 février 2012,  anti et pro arrivée de Wajdi Ghenim à Sfax, dénotent de la tension suscitée par la visite très controversée du prédicateur égyptien en Tunisie.

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Jamais une visite d’étrangers en Tunisie n’aura soulevé autant de polémique que celle du prédicateur égyptien Wajadi Ghenim qui a provoqué un grand tollé au sein de l’opinion nationale  qui s’est scindée en deux.

Semer la division entre Tunisiens

Le premier camp regroupe tous les courants issus de la mouvance islamique du pays notamment les salafistes et un certain nombre d’adhérents d’Ennahdha alors que le second camp regroupe d’autres citoyens, des militants associatifs et des membres de la société civile.

Le problème est que les deux camps en sont venus aux mains  ce qui a commencé à se traduire sur le terrain par des affrontements physiques. D’ailleurs on craint le pire pour les prochains jours au moment où le séjour de cet hôte se prolonge.

Les prêches et conférences enflammés de ce prédicateur, membre du mouvement des Frères musulmans égyptiens, ont choqué nombre de Tunisiens, en raison des attaques frontales de cet islamiste aux principes et valeurs qu’ils ont toujours défendus.

En choisissant d’aborder les thèmes suscitant la polémique et  en défendant des positions à contre-courant de l’avis des Tunisiens tels que la défense de la pratique d’excision, la polygamie, l’apologie du martyr, la condamnation de l’égalité des sexes, l’attaque des  médias et des journalistes, Wadji Ghenim a voulu heurter de front ceux qu’il a traité « d’athées et d’ennemis de Dieu ».

Non content de remuer les eaux troubles en Tunisie qui l’ont déjà été lors de la campagne électorale des élections de la Constituante le 23 octobre 2011.  Cette campagne avait divisé l’opinion en pro-islamistes et laïcs ainsi qu’en arabophones et francophones. Wajdi Ghenim a joué sur les fibres sensibles en approfondissant davantage ce fossé et en enfonçant davantage le couteau dans la plaie en traitant tous ceux qui ne partagent pas ses points de vue  de «laïcs et libéraux» et aussi de «restes de l’ancien régime»,  le prédicateur a semé la zizanie au sein de la société tunisienne suscitant des dissensions entre ses différentes composantes.

Le défi lancé aux laïcs et libéraux pour un débat d’idées en direct sur un plateau de télévision représente une énième provocation de ce salafiste qui semble affectionner la polémique sur un ton provocateur.

L’embarras du parti Ennahdha

Relayée au départ par certains médias, l’invitation du prédicateur égyptien Wajdi Ghenim en Tunisie par le parti d’Ennahdha n’a pas été démentie officiellement par le mouvement dont différents responsables se sont gardés de condamner ou de prendre position sur cette visite et le contenu de l’intervention du prédicateur.

Cet hôte encombrant qui a commencé à  devenir gênant pour Ennhadha, a bénéficié de tous les honneurs dus à un savant en remplissant les stades et les moquées et intervenant sur différents médias.

La majorité de l’intelligentsia tunisienne a dénoncé cette visite et estimé qu’elle sème le doute et bouscule les certitudes et valeurs défendues par les Tunisiens  qui sont connus de par le monde pour leur esprit de tolérance et d’ouverture faisant du pays une terre de dialogue entre les civilisation et religions célestes.

Liberté et liberté

Certaines personnalités appartenant à la mouvance islamique se sont abstenues de condamner les prises de position de Wajdi Ghenim invoquant des raisons liées à la liberté d’expression.

Malgré les plaintes déposées par différentes associations et militants des droits de l’homme, le prédicateur égyptien n’ a pas été inquiété et se pavane d’une ville à une autre et d’une mosquée à un autre faisant fi des critiques qui lui sont adressées.

Pourtant des journalistes sont emprisonnés  pour avoir publié une photo « scandaleuse » à la Une d’un journal tunisien.

Ce prédicateur qui est entré dans le pays avec un simple visa touristique fait la pluie et le beau temps lors de ses conférences sans s’imposer de limites ni de lignes rouges percevant des cachets faramineux.

Aucune mise en garde ni rappel à l’ordre ne lui ont  été adressés par les autorités qui ne peuvent ignorer tout le boucan provoqué par les sarcasmes débités par ce prédicateur pendant ses joutes verbales.

De nombreux observateurs estiment aberrant qu’un journaliste soit emprisonné  même si la photo incriminée  est choquante, scandaleuse ou heurte la sensibilité de certains alors qu’un prédicateur s’arroge le droit de critiquer ce que bon lui semble et incite la population à des pratiques contraires aux usages et traditions du pays.

Des rumeurs circulent  concernant l’ouverture de cabinets pour excision de Tunisiennes et d’autres indiquent que des personnes sont prêtes au jihad au martyr.

Cette situation a conduit certains à s’interroger sur les véritables motivations de cette visite. Est-ce pour créer des problèmes  dans le pays qui fait déjà face à de nombreuses difficultés ou est-ce pour détourner l’attention des citoyens des véritables problèmes de leur vie quotidienne qui sont toujours sans solution plusieurs mois après la formation du nouveau Gouvernement provisoire.

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